Stratégie de recherche
Une recherche comporte plusieurs phases, àchaque phase correspond une tactique. Chaque phase est décrite dans un paragraphe «Comment ça marche ?» suivi d'un autre paragraphe «Comment s'entraîner ?» qui propose des exercices.
1- Recherche visuelle.
La première chose àfaire est d'abord, après avoir mis son groupe en sécurité, de regarder. Rien ne sera plus rapide si une main sort de la neige que l'oeil exercé du skieur pour la repérer. Inspecter tous les indices de surface, en envoyant sur ces zones une personne avec un DVA en recherche qui donnera aussi quelques coups de sonde. En parallèle ou si rien n'est visible, passez les DVA tous en réception (ou éteignez ceux qui ne cherchent pas) et déterminez la zone de recherche. Commencez sous le point de disparition des ensevelis. Si vous ne les avez pas vu disparaître, chercher sous la trace.
2- Recherche primaire ou du premier signal.
Comment ça marche ?Il faut balayer toute la zone dans laquelle peuvent se trouver les ensevelis. Pour cela il faut connaître la portée utile de son DVA. Si on est assez nombreux, s'espacer au maximum de deux fois la portée utile et descendre droit dans la pente (si on se trouve en haut, remonter si l'avalanche est au dessus). Quand on capte un signal, on passe àla deuxième phase de recherche, avec un seul chercheur. Si plusieurs personnes sont ensevelies, les autres continuent àbalayer la zone d'avalanche pour capter les signaux des autres victimes. Il est indispensable d'avoir un coordinateur qui vérifie que les chercheurs ne s'écartent pas plus que la distance maximale pendant la recherche. Si l'on est seul, ou peu nombreux, le coordinateur participe àla recherche. Il divise la zone en fonction du nombre de chercheurs et chacun balaye complètement sa zone, le coordinateur se trouve légèrement en amont des autres pour veiller àla bonne couverture. Chaque chercheur effectue une traversée horizontale de sa zone, puis descend droit dans la pente d'une distance
maximale de deux fois la portée utile, refait une traversée horizontale, descend dans la pente....etc...ou bien descend en zigzag (traversée légèrement descendante-conversion- traversée légèrement descendante dans l'autre sens...) en faisant bien attention de ne pas trop descendre pour bien couvrir sa zone. Ne pas oublier d'orienter votre DVA dans toutes les directions pendant la recherche, en le tournant lentement (laisser le temps au DVA de répondre) aussi bien dans un plan horizontal que vertical (si par hasard, le DVA enfoui est vertical), ce qui veut dire également que votre déplacement ne doit pas être trop rapide.
Comment s'entraîner ?- Il faut avoir une idée de la portée utile de son DVA. La portée d'un DVA est maximale quand
les antennes sont coaxiales, c'est cette portée qui est souvent indiquée dans les documents
des fabriquants, elle ne correspond pas àla portée utile.
On peut le vérifier en le testant dans différentes configurations et avec différents DVA
émetteurs (de marques différentes si possible). Ce test peut être fait assez rapidement lors du
contrôle de DVA au départ de la randonnée. A savoir, le signal dépend du cosinus de l'angle
entre l'antenne et le champ, donc diminue lentement quand on s'écarte du maximum (0°,
antenne et lignes de champ parallèles) , et augmente rapidement quand on s'écarte du
minimum (90°, antenne et lignes de champ perpendiculaires) ce qui est une chance pour nous.
Cette portée utile est souvent donnée de l'ordre de 10m, on trouve souvent plus lors de tests,
car les DVA ne sont pas enfouis, il faut en plus prendre une marge de sécurité car le DVA de la victime peut avoir des piles usées.
- Il faut connaître le temps de réponse de son appareil pour adapter sa vitesse. Poser un appareil en émission et déplacez votre DVA au dessus. Observez les indications.
- En descente, quand il n'y a pas de risque (!!) et que vous n'avez pas une poudreuse de rêve. Le premier décrit une zone àcouvrir, descend d'environ 200m en distance et cache son DVA. Les autres s'organisent, avec un coordinateur qui participe ou non àla recherche.
- En montée, le même exercice est possible en simulant une avalanche venant d'en haut et
emportant un skieur en amont, mais si le groupe peine un peu, ce n'est pas forcément motivant.
- Pendant la pause déjeuner, cela prend peu de temps (et oblige certains às'arrêter un peu).
3- Recherche secondaire: A la poursuite de la ligne de champ
Comment ça marche ?Il faut suivre au mieux la ligne de champ, mais attention une fois capté le premier signal, vous êtes quelque part sur la ligne que vous pouvez suivre dans un sens ou dans l'autre. Si vous choisissez le bon sens, vous allez vous rapprocher, le signal va augmenter, si vous vous trompez, le signal va diminuer, car la distance augmente.Avec un DVA numérique, une indication lumineuse vous donne la direction àsuivre (mais pas le sens), l'analyse du signal est suffisamment rapide pour que cette indication vous soit transmise
pendant votre déplacement. Avec un DVA analogique, c'est àvous de la déterminer en orientant votre DVA et en partant dans la direction de signal maximal. Suivant le niveau d'entraînement, cette détermination de direction est plus ou moins rapide et peut même nécessiter des arrêts. En cas de difficulté àlocaliser le maximum, il faut localiser les deux minima et partir entre les deux, au milieu. Il faut aussi régler l'amplificateur pour avoir un son assez faible, car un son trop fort sature l'oreille et gène la détermination du maximum. Cette détermination est beaucoup moins précise avec un DVA analogique (qui ne comporte qu'une antenne) qu 'avec un DVA numérique (utilisant généralement 2 antennes perpendiculaires en réception). Avec un numérique on suit vraiment la courbe, alors qu'avec un analogique, on la tangente grossièrement par « segments de droite ». Quand on est proche de la victime, amplificateur de signal au minimum (ou presque si le DVA est profondément enfoui) sur un analogique, ou distance affichée inférieure àquelques unités « 1, 2 ou 3 » sur un numérique (ou bien affichage de l'orientation semblant aléatoire), il faut passer en recherche finale. Cette troisième phase est indispensable dès que l'enfouissement est un peu
profond, donc presque toujours car sinon il y a des indices de surface.
Comment s'entraîner ?- Pour débuter, mettre un DVA près de la surface. Quand on maîtrise le suivi d'une ligne de
champ, il faut s'entraîner avec des situations plus proches de la réalité.
- S'habituer àl'affichage de son DVA en enfouissant un autre DVA àdifférentes profondeurs.
- Cacher un DVA dans un terrain accidenté, en pente, si possible dans une coulée d'avalanche,
pour se familiariser avec les problèmes de déplacement pendant une recherche.
- Cacher un DVA si possible àplus d'un mètre de profondeur pour s'habituer aux signaux faibles
et déclencher la recherche finale, même si on n'est pas sur le maximum de sensibilité de l'appareil.
Cet exercice sera couplé avec la phase de recherche finale.
qu'est ce que la méthode en croix pour la recherche secondaire ?
Cette méthode était enseignée il y a pas mal d'années, elle ne l'est plus dans le cadre des formations de la FFCAM. Elle permet de retrouver les victimes, mais nécessite plus de déplacements, d'arrêts et donc beaucoup plus de temps que la méthode directionnelle décrite ci-dessus quelque soit le type de DVA utilisé, et en
particuliers bien sur avec les DVA numériques étudiés spécialement pour faciliter la méthode directionnelle.
4- Recherche finale
Comment ça marche ?Quand on se rapproche du DVA enfoui, les lignes de champ se resserrent et deviennent difficiles àsuivre. L'information de direction devient confuse. La méthode classique reste la méthode en croix . Le chercheur se déplace avec son DVA sur des segments de droite perpendiculaires entre eux en gardant bien son DVA toujours orienté dans la même direction. Quand il repère le maximum sur un segment de droite (en le dépassant pour bien vérifier que le signal décroît, et qu'il n'y a pas un autre maximum plus fort), il repart à90° en
faisant bien attention de garder la direction initiale de son DVA et refait de même. etc...Avec cette méthode, le chercheur finit par passer àla verticale du DVA enfoui et repère le maximum.
figure 7: Méthode en croix. L'intensité du signal est représentée par la taille des caractères du
« bip ». La longueur des déplacements est de l'ordre du mètre. Ne pas hésiter àfaire 2 ou 3 mètres pour localiser d'éventuels maxima secondaires, en cas d'ensevelissement profond.
Deux autres méthodes pour chercheurs confirmés uniquement, àne regarder que si vous
maîtriser déjàla recherche en croix.
5- Dernière étape de la localisation fine.Il faut sonder pour vérifier la localisation et avoir une idée de la profondeur d'ensevelissement. Le sondage se fait perpendiculairement àla pente et non pas verticalement. Pensez àsortir votre sonde et àla monter pour savoir comment faire en cas d'accident. Pour garantir une longue vie àvotre sonde, et un sondage efficace, en pente raide tenir la sonde perpendiculaire àla pente, et sonder en faisant une spiral.
La localisation est terminée, il reste àpelleter efficacement. Laisser la sonde en place et pelleter
en aval en évacuant la neige vers le bas. Evitez de piétiner au niveau de la sonde pour ne pas
tasser la neige et effondrer une éventuelle poche d'air au niveau de la victime. Si la profondeur est
importante, pensez àaménager une terrasse en aval, facilitant le pelletage, le dégagement et les
secours. Eteignez le DVA de la victime, surtout si les recherches d'autres victimes continuent.
Comment s'entraîner ?Pour débuter, mettre un DVA près de la surface. Quand on maîtrise la méthode en croix, cacher un DVA dans un terrain accidenté, en pente, si possible dans une coulée d'avalanche, pour se familiariser avec les problèmes de terrain irrégulier pendant une recherche finale. Cacher un DVA si possible àplus d'un mètre de profondeur dans un sac àdos ou sous une planche de contre plaqué de 50cm de côté environ pour pouvoir sonder. Tester les autres méthodes. Dégager un trou de un mètre de profondeur avec accès pour secourir la personne au fond, ça àl'air tout bête, mais mieux vaut avoir dégagé une fois une fausse victime à1 ou 2m de profondeur avant l'accident que de se demander comment faire un trou avec accès commode pour les
secours au moment de l'accident.